Carte blanche à la compagnie Motus

N°5_Concert

Carte blanche à la compagnie Motus

Compagnie Motus : Vincent Laubeuf, Jonathan Prager, Olivier Lamarche

Jeudi 10 novembre à 20h30
Lieu : Auditorium de la Cité de la musique et de la danse

La compagnie Motus installe son acousmonium au Conservatoire de Strasbourg pour Résonances Electriques et nous fait découvrir un concert d’œuvres issues du chemin moins fréquenté de l’histoire de la musique électroacoustique…


Un concert de musique spatialisé sur acousmonium.
Le public, entouré par une multitude d’enceintes, est immergé dans le sonore, à l’écoute d’œuvre jouant aussi bien sur l’idée de forme, que sur l’imaginaire ou la perception. L’idée qui a traversé la programmation de ce concert est de faire découvrir cette musique au travers de son évolution sur près de 60 ans, en jouant une pièce de chaque décennie et ce depuis les année 50 jusqu’à 2010. Au programme des musiques de Pierre Schaeffer, François Bayle, Pierre Henry, Michèle Bokanowski, Christine Groult, Frédéric Kahn…

Interprète sur acousmonium :  Jonathan Prager.
Direction artistique : Vincent Laubeuf
Régie : Olivier Lamarche

JONATHAN PRAGER
Né à Lyon en 1972, il y a étudié la composition avec Denis Dufour et Jean-Marc Duchenne. Il est membre de l’équipe du festival Futura depuis sa création en 1993 et de Motus depuis sa fondation en 1996. En 1998 il est nommé professeur adjoint à la classe de composition acousmatique du CNR de Perpignan puis, en 2015, de la classe du CRD de Pantin.
Interprète acousmatique depuis 1995, concepteur des acousmoniums Motus, il a joué en concert près d’un millier d’oeuvres du répertoire acousma, en France et à l’étranger. Il a participé en 2004 à la mise en place du premier acousmonium italien réalisé par la structure M.ar.e. de Bari et en a formé l’équipe d’interprètes. Il s’est produit sur la plupart des dispositifs existants : Ina-GRM, Cidma (Paris), Musiques & Recherches (Bruxelles), M.ar.e. (Bari), GMVL (Lyon), Imeb (Bourges)…

Motus
Motus est une compagnie musicale qui travaille principalement sur des projets autour de l’acousmonium (orchestre de haut-parleurs). Son action se répartit entre la production de concerts acousmatiques, mixtes et instrumentaux, la création d’œuvres musicales, la promotion et la pratique de l’interprétation sur acousmonium, la formation et l’enseignement et l’édition discographique. Motus joue d’en environs 70 concerts par an dans diverses manifestations tant en France qu’à l’étranger.
Motus est depuis 2014 en résidence à la Muse en Circuit, centre nationale de création musicale.
Pour plus d’informations : www.motus.fr

Production Motus et Conservatoire de Strasbourg.


Programme détaillé:

Pierre Schaeffer Symphonie pour un homme seul (1951) 1er mouvement « Prosopopée » 2’57
François BAYLE Espaces Inhabitables (1967) 17′
Pierre Henry (1927) Prisme (1973) 16′
Michèle Bokanowski Tabou (1984) 16’12
Christine Groult Dévoilement (1997) 9’22
Frédéric Kahn Narrative non-fiction (2010) 15’05’
Interprète Jonathan Prager sur acousmonium Motus


François BAYLE, Espaces Inhabitables 1967 17’
«Cette pièce fut réalisée dans un studio disposant de cinq magnétophones, mais sans appareillage particulier à l’exception de deux filtres continus, et d’une chambre d’écho. Les sons d’extérieurs (bruits marins, bruits d’usines, klaxons dans le radôme de Pleumeur Bodou) ont été enregistrés en stéréophonie (un exploit technique pour l’époque — 1966), et manipulés de même, d’où certains effets étranges dans les transpositions graves. Une prise de son de cithare et de piano joué dans les cordes a complété le matériel (j’indique ces conditions — relativement simples — à titre d’encouragement aux jeunes compositeurs).» (Bayle)

Biographie
Né en 1932 Tamatave, Madagascar
On peut imputer à une enfance « non occidentale », à une formation musicale plus ou moins nomade et principalement autodidacte, son adaptation naturelle au caractère problématique des musiques expérimentales, surtout dans la situation des années 60, génération dans laquelle François Bayle se situe dans ses débuts de compositeur.
Responsable du GRM en 1966, d’abord auprès de P. Schaeffer (Service de la Recherche de l’ORTF), puis au sein de l’INA (1975-1997), c’est à travers ces organismes au destin original que François Bayle rassemble et constitue les éléments de son expérience, acquiert et développe ses techniques personnelles d’un métier du son acousmatique.
Quittant le GRM en 1997, François Bayle installe son propre : le Studio Magison où il se consacre désormais complètement à la recherche, l’écriture et la composition.


Michèle Bokanowski Tabou 1984 16’12
« À l’origine de Tabou, l’enregistrement d’une conversation réalisé chez moi avec deux amies américaines – et le mari de l’une d’elles qui s’était joint à nous – dont j’aimais les voix. Avec le recul, plus j’écoutais cet enregistrement, plus il m’intriguait : comme si, derrière cet échange apparemment anodin, quelque chose de très mystérieux et d’important était caché et devait être révélé ». MB

Biographie
Michèle Bokanowski a étudié l’écriture et l’analyse avec Michel Puig, la musique concrète avec Pierre Schaeffer au Service de la Recherche et la musique électronique avec Eliane Radigue. Parallèlement à ses œuvres de concert, elle a composé pour le théâtre, la danse et le cinéma, en particulier la musique des courts-métrages de Patrick Bokanowski et de ses deux longs-métrages : « L’Ange » (1982) et « Un rêve solaire » (2016).


Christine Groult Dévoilement (1997) 9’22
Les Sons instrumentaux sont enregistrés par Françoise Ducos à la Flûte et par Jacques Saint-Yves au violon.
Version concert d’une fiction chorégraphique conçue et interprétée par Dominique Dupuy.
Aux dires des danseurs, le solo, de toutes les formes de danse, semble la plus périlleuse : celle où le danseur se dévoile et où se révèlent avec le plus d’acuité les traces de son parcours, les séquelles de son travail, les stigmates de sa passion. Plus on va, plus cette tension est prégnante. Le corps du danseur est une mémoire ambulante.

Biographie
Christine Groult inscrit son travail dans la recherche d’une musique expressive qui s’adresse à l’émotion. C’est le potentiel poétique des sons (enregistrement et transformations) et la recherche de nouvelles dramaturgies sonores qui l’intéressent particulièrement. La musique électroacoustique est son mode d’expression, cette forme de composition élabore en studio une matière sonore créatrice d’images porteuses de sens, de liens. Se prêtant à une diffusion sur haut-parleurs, la musique sur support lui a permis d’investir des lieux très variés pour y réaliser in situ de véritables spectacles sonores qu’elle qualifie de « scénographies ».


Pierre Henry Prisme (1973) 15’00
Avec l’aimable autorisation de Pierre Henry
« C’est un morceau de bravoure, une suite de séquences à l’architecture claire -tournoyante et ascendante – , un creuset où l’énergie macère jusqu’à s’épuiser d’elle-même. Prisme est une pièce extraite, pour le disque ou le concert, d’un spectacle qualifié tout de go par son commanditaire de « premier opéra électronique de l’histoire ». Intendant de l’Opéra de Hambourg, avant d’être appelé aux commandes de l’Opéra de Paris, Rolf Liebermann avait eu l’idée d’un spectacle spatio-lumino-dynamique et cybernétique qu’il commanda à Nicolas Schôffer pour la scénographie, à Pierre Henry pour la musique, à Alwin Nikolaïs pour la chorégraphie et dans lequel dansa Carolyn Carlson. […] »
Anne Rey

Biographie
Pierre Henry est né le 9 décembre 1927 à Paris, il étudie la musique dès l’âge de sept ans. En1944, guidé par Olivier Messiaen, il compose et pense à la musique du futur. Sa rencontre avec Pierre Schaeffer est déterminante pour sa création. Inventeur de procédés techniques de composition maintenant largement standardisés, il n’a cessé de donner à cette musique un souffle et une ambition qu’on ne lui soupçonnait pas au départ, en construisant un ensemble colossal et varié d’œuvres qui continuent de toucher tous les publics et toutes les générations. Il a aussi créé un “son” aussi personnel et reconnaissable que ceux des plus fameux musiciens de jazz, et imposé un univers d’une ampleur cosmique, un véritable monde où l’archaïque et le mythique côtoient le familier, et qui chante les émerveillements, les espoirs et les hantises de notre époque. *
* D’après Michel Chion, in Pierre Henry [éditions Fayard, 2003].


Frédéric Kahn Narrative non-fiction (2010 – 15’05 »)
Commande de l’ina-GRM
La réalité est une énigme. Comment « ce qui s’est passé » vient- il jusqu’à nous ? Où la mémoire noue-t-elle ses fils conducteurs ?
Sous les pulsions inscrites dans l’orchestration, une Narrative non-fiction s’articule, ou un fantasme, ou une réminiscence sans fin remuée dans ses strates. Un terrain commun entre sons concrets et sons électroniques dans lequel se construit un enchaînement de territoires sonores créant leurs propres itinéraires tout du long du déroulement de l’œuvre, de compartiment en compartiment (comme dans un train), maniement délicat de courts fragments. Glissement des sons électroniques aux sons naturels, va-et-vient, frontière ténue, confusion…

Biographie
Après des études de composition avec Denis Dufour et Gilbert Amy, au CRR et au CNSMD de Lyon, Frédéric Kahn complète sa formation lors de sessions de composition auprès de Ferneyhough et Schollhorn, à la Fondation Royaumont, de Dusapin et Aperghis, au Centre Acanthes et de Saariaho et Sciarrino à l’Académie d’été de l’Ircam. En 2000, il suit le Cursus de l’Ircam, où il reçoit les enseignements de Philippe Hurel, Brian Ferneyhough et Philippe Manoury. En 2003, il reçoit sa première commande d’Etat pour Sterblich (Mortelle) ou le purgatoire des sens. En 2008, Abstructures/Les instants d’ambiguités est créée sous la nef du Grand Palais par Motus lors de Monument 2008 consacré à Richard Serra. En 2012, il reçoit une commande de l’IRCAM pour la réalisation de Unendlichkeit pour basson et électronique (création Solistes de l’Ensemble Intercontemporain) et réalise avec Robert Cahen le diptyque L’œil écoute, à chacun de voir puis d’entendre. En 2014, il reçoit une commande de Radio-France pour la réalisation de Dust memories pour petit ensemble et dispositif électronique. Actuellement, il travail de nouveau avec Robert Cahen sur une nouvelle œuvre intitulée Augmenta pour piano préparé, électronique et scénographie/ images.


Pierre Schaeffer et Pierre Henry, Symphonie pour un homme seul
Date de composition : 1950
1er mouvement : Prosopopée 2’57
« L’homme seul devait trouver sa symphonie en lui-même, et non pas seulement en concevant abstraitement la musique, mais en étant son propre instrument. Un homme seul possède bien plus que les douze notes de la voix solfiée. Il crie, il siffle, il marche, il frappe du poing, il rit, il gémit… »

Biographie
Pierre Schaeffer
(1910 – 1995)
Compositeur, théoricien, chercheur, essayiste et romancier, Pierre Schaeffer est l’un des pères de la radiophonie expérimentale et de la musique concrète, qu’il définit comme un collage et un assemblage sur bande magnétique de sons préenregistrés à partir de matériaux sonores variés et concrets. Diplômé de l’École Polytechnique en 1934, il devient ingénieur des Télécommunications. En 1944, il crée un studio consacré à l’expérimentation radiophonique. En 1949, il est rejoint par Pierre Henry, avec qui il écrit notamment la Symphonie pour un homme seul. Il fonde ensuite, en 1951, le Groupe de musique concrète, qui devient en 1958 le Groupe de recherches musicales (GRM). À partir de 1960, il fonde et dirige le service de la recherche de l’ORTF. Considérant que la musique a besoin de chercheurs, il abandonne la composition, assure un séminaire de musique expérimentale au Conservatoire de Paris et rédige le Traité des objets musicaux, vaste réflexion sur la nature et la richesse de l’élément sonore.